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 [Solo] « Qui n'a pas les faiblesses de l'amitié n'en a pas les forces. »

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Sora Irion

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MessageSujet: [Solo] « Qui n'a pas les faiblesses de l'amitié n'en a pas les forces. »   [Solo] « Qui n'a pas les faiblesses de l'amitié n'en a pas les forces. » EmptyMar 3 Mar - 2:08




Puisse ma colère guider ma lame.



PARTICIPANTSSora Irion & Raeshea
Résumé • La vie au sein de la ville basse, si elle n'est pas forcément la plus palpitante qui soit, n'est pas non plus de tout repos. C'était d'autant plus le cas pour Sora, fils de forgeron, qui devait se charger de donner un coup de main à son paternel depuis le décès de son frère aîné.  



« Qui n'a pas les faiblesses de l'amitié n'en a pas les forces. »

Le marteau rencontra l'enclume une énième fois, avec une violence inouïe, percutant au passage le morceau d'acier qui y était positionné en projetant dans les airs une gerbe d'étincelle, dans le maigre espoir de transformer ce bloc d'acier pur en un chef d'oeuvre métallique. Suintant de sueur, harassé par la chaleur dont la forge elle-même semblait étouffer, le jeune garçon fit ensuite glisser l'épée tout juste percutée dans un grand bac d'eau froide, la plongeant soudainement dans des températures plus froide pour rafraîchir l'acier brusquement. Sora la retira ensuite de l'eau et y jeta un bref coup d’œil. Un nouveau soupir, et un nouveau hochement de tête négatif vinrent s'ajouter au reste du bilan catastrophique de la soirée. Septième essai, toujours un échec : le fils du forgeron ne parvenait pas à façonner cet objet comme il l'entendait. Il s'agissait pourtant d'une commande qu'il savait pertinemment prioritaire : c'était un chef d'escouade local qui avait demandé une nouvelle épée, y mettant le prix fort pour s'offrir une petite merveille. Si, en principe, c'était le père du jeunot qui s'occupait de ce genre de contrat, dont la stabilité de l'entreprise familiale dépendait directement, il avait dû prendre congé plus tôt ce jour-là à cause de puissantes migraines. Les deux apprentis qu'il embauchait régulièrement pour lui filer un coup de main s'en étaient allés une heure plus tôt, lorsqu'ils avaient terminé leur journée. De facto, l'adolescent se retrouvait désormais tout seul, baigné au milieu d'un océan de flammes et de métaux, incapable d'accomplir son office correctement. Reposant le marteau à sa place originelle, le garçon alla attraper la pelle pour jeter une nouvelle fournée de charbon de bois, conscient qu'il en aurait amplement besoin pour poursuivre son travail. Il agita brièvement le gigantesque soufflet, ravivant les ardentes créations infernales avant d'y glisser une grossière barre de fer, une autre. Autant recommencer à zéro : il aurait plus de chances d'être satisfait cette fois-ci... Conscient qu'il en avait encore pour une bonne demie heure, l'Irion s'apprêtait à se diriger vers le misérable repas qu'il avait amené pour se sustenter durant l'effort avant d'être intercepté brutalement par une voix malicieuse dont il n'ignora pas longtemps la provenance.  

❝ ▬ Ben alors, gros fainéant ? Je rêve, ou tu es déjà en train de prendre une pause alors que t'as même pas fini ton travail journalier ! Je suis prête à mettre la main au feu que ton père est pas là ! Enfin, la main au feu, c'est une expression, hein... ❞

La blondinette avait légèrement frémit et blêmit lorsque le jeune homme avant montré la fournaise d'un coup de menton, l'air prétendument exaspéré. En réalité, et comme toujours, ou presque, elle avait tapé dans le mille. La demoiselle, qui s'était faite remarqué en parlant par la fenêtre de la forge, entrouverte, ne se fit pas prier pour rentrer tandis que le jeune homme attrapait une serviette usée non loin de là pour essuyer son visage et son torse saillant, d'où perlaient la sueur suite à cet effort continu. Il répondit ensuite à la provocation de sa comparse sans vraiment y jeter un coup d’œil, bien trop occupé à se diriger vers son tant espéré casse-croûte :  


❝ ▬ J'imagine que tu n'as pas fait tout ce chemin pour quelques provocations de bas étage, hein ? Ce serait quand même sacrément décevant de ta part, Raeshea. ❞

Le faciès toujours plus amusé de la jeune femme ne tarda pas à arracher un soupir de lassitude à son interlocuteur, qui attrapa une pomme pour croquer dedans à pleine dents, vivement. Il en lança ensuite une autre à l'intruse, qui l'attrapa agilement avant de l'imiter, satisfaite d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Raeshea était l'une des rares amis de Sora, s'il pouvait la définir ainsi. Elle avait entendu parler de la mort de son frère, et était venue donner son aide à la forge spontanément, pendant près de deux semaines. Elle avait été renvoyée par son père étant donné que malgré sa bonne volonté, son entrain et sa joie de vivre, elle s'avérait être une très mauvaise travailleuse, maladroite au possible. La demoiselle, nullement rancunière, avait gardé contact avec eux et avait même réussi à sortir le jeune forgeron de son antre, un véritable exploit. C'était grâce à elle qu'il s'était fait tout un lot d'amis, également originaires de la ville basse. Ils ne rataient jamais une occasion pour se voir et s'amuser ensemble, oubliant temporairement tous les soucis que pouvaient amener ces incessantes luttes entre impériaux et rebelles. D'ailleurs, ce qui était le plus ironique, c'était que certains membres de la bande était des anti-impériaux, tandis que d'autres défendaient ouvertement l'idéologie de Gorth... Cela donnait souvent lieu à des débats houleux, bercés par ces deux compagnons qu'étaient l'alcool de bien mauvaise qualité et la simple fraternité qu'ils partageaient tous. Jamais, ô grand jamais ces amis-là ne se battaient pour la politique... Et c'était certainement pour cela que l'Irion les appréciait tout particulièrement. Même avec son tempérament taciturne et silencieux, il se sentait bien avec eux... C'était pour cette raison que Raeshea était à ses yeux l'une des personnes des plus importantes : elle lui avait permis de se remettre, d'une certaine manière, de la mort de son frère.

❝ ▬ Tu rêves, ouais ! Je viens simplement te rendre visite pour me renseigner. Ça fait une semaine qu'on n'a plus aucune nouvelle, t'es même pas venu à l'anniversaire du petit frère d'Arno ! Même s'ils ne le montrent pas, ils s'inquiètent... Hier, ils étaient à deux doigts de venir te filer un coup de main ! ❞

Le jeune homme se permit un bref rire, mordant une nouvelle fois dans le fruit qu'il tenait entre ses mains, savourant le goût de cet aliment tombé du ciel. Ce genre de petites saveurs était sans aucun doute les seules bénédictions que les hommes pouvaient partager pleinement, en ces temps de conflit...

❝ ▬ T'as bien fait. Le vieux aurait moyennement apprécié de voir débarquer tout un lot d'ahuris manchots, je pense... Blague à part, on a juste un peu plus de boulot que prévu. Trois commandes en même temps, en plus de l'habituel lot de fers à cheval à livrer aux paysans des terres libres... C'est pas de tout repos, ces temps-ci. Encore une semaine, et ça ira mieux. ❞

❝ ▬ Mouais... Ce serait pas plus simple de recruter quelqu'un d'autre, pour vous ? Je veux dire, depuis mon départ, vous n'avez pris personne d'autre et visiblement, il y a de plus en plus de boulot... ❞

❝ ▬ C'est des hauts et des bas, difficile de savoir si on aura de quoi être payés le mois prochain. Et puis, c'est pas comme si ta présence avait changé quoi que ce soit, tu sais... ❞

Le rire clair du garçon arracha momentanément un air courroucé à la demoiselle, qui se jeta vivement vers lui pour tenter de lui faire regretter ces paroles. Vif, l'apprenti forgeron n'eut aucun mal à se décaler à temps, prenant même le luxe de traîner son pied au milieu des outils pour réaliser un croc-en-jambe digne des plus grands. Gentleman, il attrapa toutefois la main de sa comparse avant que celle-ci ne s'écrase au sol, lui glissant quelques mots faussement emprunts de galanterie :


❝ ▬ Allons bon, mademoiselle, faîtes attention : il serait dommage qu'une aussi jolie fleur ne termine sa course recouverte de poussière... ❞

Une insulte fila momentanément entre les dents de Raeshea, qui se redressa en utilisant la main de son jeune ami avant de déposer les restes du fruit qu'elle avait consommé sur une table non loin de là. Elle croisa ensuite ses bras sous sa poitrine d'un air faussement agacé et se dirigea vers la fenêtre. Elle passa par celle-ci comme lorsqu'elle était rentré, mais avant de sortir totalement, jeta un regard à Sora en lui adressant quelques mots :


❝ ▬ Ce soir, je serai sur le toit de l'auberge Salvus pour le coucher du soleil... Y aura sûrement Arno, Oddsteen et peut-être même Ailenn ! Pense à passer, si tu peux... ❞

Raeshea attendit patiemment un hochement de la tête positif de la part du jeune forgeron pour s'éclipser, disparaissant dans une ruelle un peu plus loin. Avec un soupir d'exaspération, les lèvres tout de même tordues par son hilarité, le garçon prit possession de la gourde pleine d'eau qui trônait au milieu du restant de son repas pour la vider d'un trait. Il allait devoir se remettre sérieusement au boulot s'il voulait les rejoindre... Il ne restait plus beaucoup de temps, après tout.  




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Dernière édition par Sora Irion le Mar 17 Mar - 23:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Solo] « Qui n'a pas les faiblesses de l'amitié n'en a pas les forces. »   [Solo] « Qui n'a pas les faiblesses de l'amitié n'en a pas les forces. » EmptySam 7 Mar - 14:26




Puisse ma colère guider ma lame.



PARTICIPANTSSora Irion & Raeshea
Résumé • La vie au sein de la ville basse, si elle n'est pas forcément la plus palpitante qui soit, n'est pas non plus de tout repos. C'était d'autant plus le cas pour Sora, fils de forgeron, qui devait se charger de donner un coup de main à son paternel depuis le décès de son frère aîné.  



« Qui n'a pas les faiblesses de l'amitié n'en a pas les forces. »

S'il avait eu la chance de terminer son ouvrage à temps, c'était uniquement parce qu'il s'était autorisé une ou deux petites imperfections : son père ne lui en voudrait pas, et il n'aurait qu'à reprendre le travail là où il l'avait laissé dès le lendemain, histoire de gommer le tout et d'appliquer à cette épée le caractère flamboyant qu'elle méritait. En bref, le forgeron en herbe n'avait pas hésité : dès qu'il avait compris qu'il avait le temps de rendre visite à ses petits camarades, qui étaient probablement encore sur le toit de l'auberge Salvus, qu'ils avaient l'habitude de squatter, il quitta le petit atelier familial et le verrouilla derrière lui, n'oubliant pas de fermer correctement toutes les fenêtres. Raeshea lui avait montré, après tout, que n'importe qui était en mesure d'entre dans une forge de cette manière... Un sourire amusé aux lèvres, Sora monta rapidement jusqu'à sa maison et posa les clés de l'atelier sur le buffet à l'entrée, déclarant à mi-voix à sa mère qu'il serait rentré avant minuit avant de s'élancer dans les ruelles, le cœur empli d'un empressement qu'il avait cru interdit depuis la mort de son aîné. En réalité, sa rencontre avec Raeshea et, ensuite, celle avec ses nouveaux amis était certainement ce qui lui était arrivé de mieux depuis plusieurs mois. Cela avait changé beaucoup de choses dans sa routine quotidienne, et il ne savait vraiment pas comment les remercier pour cela. Ainsi, lorsqu'il fut proche de l'auberge, le jeune combattant ne perdit pas un instant : il commença à gravir le muret qu'ils avaient pris l'habitude d'escalader pour se rendre vivement sur le toit, s'avançant sur celui-là en fixant le ciel encore orangé. Il entendit presque immédiatement une voix bien familière, et esquissa un bref sourire en regardant celle qui lui adressait la parole :


❝ ▬ Les gars, arrêtez de boire, regardez donc qui arrive ! Ca fait plaisir de te voir en forme, Sora ! Je savais que tu allais venir, mais ils voulaient pas me croire ! ❞

L'Irion pouffa un bref instant, continuant de se rapprocher de la demoiselle avant de lui répondre avec un haussement d'épaule, l'air prétendument détaché et même plus ou moins lassé :  

❝ ▬ Oh, Ailenn. Tu as réussi à convaincre ton patron de te laisser sortir un peu plus tôt ? Quant au reste, bah... J'imagine que si Raeshea n'était pas venu me voir en rampant et en se lamentant, je ne serais pas ici ce soir. ❞


❝ ▬ Espèce de menteur ! Je t'ai pas supplié du tout, tu te montes des histoires ! Je t'ai juste dit qu'on était là ! Quand on y pense, je t'ai même pas invité, hein ! ❞


❝ ▬ Si, si, tu m'as clairement invité. Tu m'as même fixé, le visage noyé de pleurs, en espérant que ça puisse fonctionner et que je cède en m’apitoyant... ❞


❝ ▬ Bah, on dirait que ça a fonctionné, au final. Maintenant, arrête de la chercher, et viens t'asseoir avec nous ! ❞


Sora sourit de plus belle, toujours plus malicieusement, et commença à se rapprocher en détaillant brièvement Ailenn. C'était une jeune femme rousse, vivante et euphorique, mais qui demeurait dans la moyenne un peu partout. Pas spécialement intelligente, elle n'en était pas pour autant pleine de bonne volonté. Elle était plutôt adroite, et travaillait dans un petit bar local. Son employeur était d'ailleurs un ami du père du jeune forgeron, mais ils ne s'en étaient rendu compte qu'après coup. Après s'être suffisamment rapproché, le jeune garçon en vint à s'asseoir aux côtés des deux autres figures masculines présentes, Arno et Oddsteen. Ceux-là étaient aussi de bons amis, même s'ils semblaient en perpétuelle rivalité. Pas étonnant : alors qu'Arno se destinait à une carrière au sein des factions anti-impérialistes, Oddsteen rêvait de devenir général... Au final, pour le commun des mortels, le fait même qu'ils puissent s'entendre et discuter sans s'assassiner relevait du miracle. Mais pour la petite bande, qui ne jugeait ni les croyances ni les affiliations, ce n'était guère plus qu'une banalité affligeante.


❝ ▬ Alors comme ça, il paraît que vous avez plus de travail que de raison, ton père et toi ? Si je me fais licencier, je tenterai de vous filer un coup de main, ce sera déjà ça. ❞

Oddsteen travaillait dans une petite épicerie locale, qui vendait des produits directement importés des terres libres. Le soucis, c'était qu'il n'était pas vraiment quelqu'un de ponctuel : étant donné qu'il passait le plus clair de son temps à s'entraîner, il se couchait généralement aux aurores... Quand son temps de travail était censé commencer, au final. Heureusement, son employeur était également son voisin, et comme il démontrait une efficacité indéniable lorsqu'il était réveillé, il avait jusque là pu compter sur un certain laxisme de sa part... Laxisme qui s'était méchamment effrité depuis que le pauvre gérant avait compris qu'il avait perdu la moitié de ses clients, désorientés par ces changements d'horaires imprévus. L'histoire avait beaucoup fait rire le petit groupe, mais beaucoup moins Oddsteen pour qui la vie risquait de se compliquer un peu. A moins de retourner vivre chez ses parents, qui risquaient vraiment de resserrer la vis, il n'avait pas vraiment d'autre possibilité...  

❝ ▬ C'est vrai que mon père serait sans doute moins tatillon au niveau des horaires, du moment que le travail est fait, et bien fait... Cela dit, je doute qu'il apprécie beaucoup le fait de te voir débarquer à midi alors qu'une commande dense vient d'arriver. ❞

Le groupe échangea un bref rire tandis qu'Arno, assit juste à côté de Sora, lui servit un verre d'alcool. Cette bouteille, le forgeron n'eut aucun mal à l'identifier : elle provenait justement de l'échoppe dans laquelle travaillait Oddsteen. Après un air consterné, il porta le récipient jusqu'à ses lèvres et but une ou deux gorgées avant d'adresser quelques mots à son compère, l'air réellement interrogatif : 


❝ ▬ Tu pense que c'est une bonne idée que de claquer ce qui pourrait être ton dernier salaire en alcool, simplement pour qu'on passe une soirée un peu plus arrosée ? ❞

❝ ▬ Allons allons, je n'ai jamais dit que je l'avais achetée, cette bouteille... Il se trouve qu'elle s'est mystérieusement retrouvée chez moi, et comme je n'avais aucune idée quant à la raison de sa présence, je l'ai conviée à passer la soirée avec nous. ❞

❝ ▬ Et rendez-vous compte : cet homme est le même que celui qui, il y a un quart d'heure, avant l'arrivée de Sora, me contait à quel point il était nécessaire de respecter l'ordre établi, afin de préserver le précaire équilibre de la paix... ❞

❝ ▬ Oh non, ça va pas recommencer... Par pitié, Sora, Raeshea, faites-les taire ! J'en aurais presque l'impression que le destin de ce fichu Royaume leur importe bien plus que le destin de notre propre soirée... ❞

❝ ▬ Mais absolument, Ailenn. Déjà parce que nous ne sommes que cinq, alors que le Royaume compte plus de trois millions d'habitants, et ensuite parce que ce n'est pas sur cette soirée que se joue le destin de nos enfants ! ❞

❝ ▬ C'est sûr qu'avec un discours aussi assommant, même si Oddsteen avait rempli sa bouteille d'aphrodisiaque, personne ne voudrait coucher avec toi... Monsieur l'Anti. ❞

Une petite provocation bon enfant, histoire de remettre les choses à leur place, et les jeunes gens échangèrent un nouveau rire au dépend du pauvre Arno qui leva les yeux au ciel, comme exaspéré. Ce n'était pas tant les paroles de la jeune femme qui le gênaient que sa tendance à prendre la vie au jour le jour, sans rien anticiper. En réalité, tout le monde ici savait que le jeune homme n'aurait eu aucun mal à se dégoter une partenaire pour se constituer une progéniture, même totalement ivre... Il avait après tout la chance d'être au goût de la gente féminine. Cela étant, Raeshea s'empressa de prendre la parole, avant qu'il ne prenne la décision de renchérir... D'autant plus que son opposant dans les débats politiques fulminait de n'avoir pas eu l'occasion de lui rétorquer, un peu plus tôt, lorsqu'Ailenn lui avait coupé la parole. 

❝ ▬ Oublions ces histoires de Royaume, pensons à autre chose ! Sora, par exemple ! Ton entraînement pour le prochain tournoi avance bien ?Tu penses que tu seras au point ? Si tu gagnes, parle de nous à Gorth, j'aimerais bien visiter son château ! ❞

Une nouvelle fois, un léger rire de l'assemblée suivit la prise de parole de la demoiselle, et même Sora vint rejoindre cet élan fraternel. En réalité, il savait bel et bien qu'il n'avait aucune chance de gagner le tournoi, ayant eu l'occasion de voir le précédent vainqueur en action... Mais il se devait d'y participer, quitte à connaître une défaite des plus cuisantes. Ce n'était pas tant la victoire que la vengeance qui l'importait, pour le coup : il se fichait bien de devenir riche ou roi. Régner sur cette Cité malfamée ne l’intéressait absolument pas...  

❝ ▬ Bah... Disons que j'avance à mon rythme. Je m'étais jamais vraiment rendu compte du temps que prenaient ces entraînements... C'est dans ce genre de situations qu'on se rend compte qu'on n'a pas fini d'apprendre. ❞

❝ ▬ Oh, aller, haut les cœurs ! Je suis certaine que tu as toutes tes chances. Tu es quelqu'un d'intelligent et de déterminé, tu fais partie de ceux qui ont le pouvoir de changer les choses, à n'en pas douter ! Ce ne sont pas quelques ivrognes participants à un tournoi avec des rêves d'alcool plein la tête qui pourront te tenir en échec... ❞


❝ ▬ D'un autre côté, ce n'est pas vraiment comme s'il souhaitait se venger d'un ivrogne, Ailenn. ❞



La rétorque d'Arno eut le don de faire souffler sur le petit groupe un vent tout nouveau : celui du malaise. Jusque là, personne n'avait vraiment évoqué ce souhait de vengeance en présence de Sora, même si tout le monde savait parfaitement ce qu'il avait en tête en participant : ils connaissaient tous son histoire, en tout cas celle de son frère aîné. Le jeune forgeron fonça soudainement les sourcils, se renfrognant tout en prenant la parole d'un air sévère :


❝ ▬ Qu'est-ce que tu veux dire par là, Arno ? Continue, je t'en prie. ❞



Si l'atmosphère avait soudainement été tendue, comme mue par une force invisible, les esprits semblaient rapidement s'échauffer, aussi bien sous l'effet de l'alcool que sous celui de la fierté. Tant et si bien que pendant que Raeshea et Oddsteen ne savaient pas comment réagir, comme pétrifiés, Ailenn tenta le tout pour le tout afin de faire dévier le sujet de la conversation, probablement effrayée par la conclusion que pourrait provoquer une telle dispute.


❝ ▬ Bon ! Je crois qu'on va oublier tout ça et parler d'autre chose, hein... Et toi, Raeshea, comment est-ce que tu envisages de... ❞



❝ ▬ Continue, Arno, je t'en prie. ❞



Ailenn déglutit un instant en observant les yeux de Sora, qui ne s'étaient pas détournés d'Arno un seul instant depuis que ce dernier avait pris la parole. Il y régnait un mélange de confusion, de détermination et de colère, comme si le forgeron en herbe attendait patiemment que son camarade ne choisisse ses mots, avant de prendre une décision le concernant. Cela ne tarda pas à se faire puisque le futur anti-impérialiste, qui était le seul homme à ne pas être déstabilisé par l'attitude soudainement hostile de son compère, croisa les bras en ajoutant calmement, le fixant droit dans les yeux :


❝ ▬ Ce que je veux dire, Sora, c'est qu'à ce rythme, tu seras d'ici quelques mois tout aussi mort que ne l'est ton frère actuellement. ❞

Furibond, le jeune Irion se redressa derechef, prêt à se jeter sur son ami pour lui apprendre les bonnes manières. Cependant, Oddsteen, qui n'écouta que son instinct, se redressa au même moment et posa ses deux mains sur les épaules de son camarade, le forçant à reculer avec force, l'air sévère. Il prit immédiatement la parole, furieusement, dans le but de calmer les choses :


❝ ▬ Calme-toi, Sora ! Tu vas quand même pas le cogner pour si peu, si ? Et toi, Arno, ferme ta gueule ! Qu'est-ce qui te prend à balancer des conneries pareilles, hein ? ❞

❝ ▬ Des conneries ? Oddsteen, je te croyais au moins lucide, à défaut d'être raisonnable. Sora n'a aucune chance. Il n'est encore qu'un espèce de gamin... Comment pourrait-il venir à bout de celui qui a tué son frère ? Et lâche-le, je t'en prie. S'il me frappe, il sait ce qu'il encourt. ❞

Légèrement désarçonné, l'épicier repoussa une dernière fois le forgeron qui sembla se résigner. Ce dernier pivota vivement et s'éloigna avant de monter sa main jusqu'à ses propres cheveux, les empoignant de rage. Dents et poings serrés, sous les regards mi-attristés mi-consternés des deux jeunes femmes, il ne tarda guère à se retourner en direction d'Arno, lui envoyant quelques mots bien plus assassins qu'il ne l'aurait souhaité.

❝ ▬ Tu te prends pour qui à dire des trucs de ce genre, monsieur parfait ? C'est parce que ta vie se déroule comme un tissu de rêves que tu te fiches d'autrui à ce point ? Ca te plaît, de piétiner mes sentiments sans vergogne, sous prétexte que tu penses détenir une vérité absolue ? Tu veux que je te dise, Arno ? T'es rien. T'as beau faire ton chef, dire que t'es le plus fort, le plus beau, le plus intelligent, j'en ai rien à foutre. T'as aucun droit à me parler de la sorte, c'est pas parce que j'ai un objectif que tu dois essayer de me voir comme un diable. Achète-toi un rêve, et reviens me parler ensuite. ❞

❝ ▬ C'est tout ce que tu trouves à me rétorquer ? Je pensais que tu avais plus de discernement que ça. Tu veux savoir, en fait ? C'est même pas une question d'y laisser ta peau ou pas : je t'interdis de participer au prochain tournoi. ❞

❝ ▬ Et tu crois que j'en ai quelque chose à carrer de ton avis ? Tu crois que j'y attache tellement d'importance que je vais m'exécuter bien sagement, alors que même mon père n'a aucun poids sur cette décision ? Tu me donnes envie de gerber, sérieux. Regarde-toi, monsieur parfait, regarde-toi seulement. Tu me débectes de plus en plus, sous prétexte que monsieur veut lutter pour la Cité, ceux qui n'ont pas un rêve de paix ne sont que des moins que rien. ❞


❝ ▬ Non, Sora. Je n'ai pas dit que tous ceux qui avaient un objectif égoïste étaient des moins que rien, ça ne s'applique que pour toi, ça. ❞

Il avait dépassé les bornes : c'était la constatation qui sonna tout juste à l'esprit du forgeron que celui-ci sautait déjà sur son jeune ami, lui donnant un violent coup du droit en pleine joue. Le forgeron tenta ensuite de lui sauter dessus pour prendre l'ascendant, sans succès : il ne reçut guère plus qu'un coup de pied en plein estomac, et la situation fut bientôt inversée. Arno, assit sur son ventre, les genoux bloquant les bras de son assaillant ne tarda pas à lui donner quelques coups de poings bien sentis au niveau du visage. Sora ne dut alors son salut qu'à Raeshea, qui attrapa Arno par les cheveux et le tira soudainement en arrière, hurlant au bord de l'hystérie :  


❝ ▬ Mais vous êtes complètement débiles, ma parole ! Arrêtez ça de suite ! Si vous voulez vous battre, faites-le, mais arrêtez de vous comporter comme des chiens ! ❞

❝ ▬ Pas besoin de tes conseils, Raeshea, merci. Cela dit, c'est une bonne idée : si t'as suffisamment de cran pour dire que tu participeras au tournoi, ça ne devrait pas te gêner de m'affronter, hein, Sora ? ❞

Exaspéré, l'Irion se redressa et tourna les talons, commençant d'ores et déjà à s'éloigner du reste du groupe. Il ne s'arrêta que quelques pas plus loin, essuyant ses lèvres du revers de sa main avant d'envoyer quelques mots à Arno sans même prendre la peine de lui jeter le moindre regard, songeant que cela ne serait guère plus qu'un trop grand honneur : 

❝ ▬ Demain soir, même heure, au terrain vague. Si tu gagnes, alors j'accepterai de t'écouter. Mais si tu perds... Crois-moi, je te ferai passer l'envie de te mêler de la vie des autres. ❞

L'apprenti combattant descendit alors du toit sans même prendre la peine d'écouter les suppliques d'Ailenn, qui ne comprenait pas vraiment comment la situation avait pu déraper à ce point, ni les réprimandes de Raeshea, destinées principalement à Arno et au fait qu'il n'avait pas vraiment à se mêler de l'existence de Sora de la sorte. Il comptait bien remporter ce combat, le lendemain, histoire de montrer à tout le monde qu'il n'était pas du genre à rigoler avec ces provocations déplacées.




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